L’actualité politique et sociale de ce mois de juin a été marquée par un grand nombre de commentaires, analyses, débats et confrontations d’une acuité particulière à l’occasion de la grève des cheminots et de celle des intermittents du spectacle. On a assisté à un retour en force de certaines affirmations relevant de ce qu’il est convenu d’appeler les « idées reçues » 1.
Un propos a émergé, celui des vertus de la « négociation », des positions présentées comme systématiquement contestataires des organisations de la CGT, de leurs divergences avec d’autres organisations, du « sommet » débordé par la « base » etc…
Sur le terrain de la « négociation » et du « dialogue social » (le premier terme étant très ancien, le second beaucoup plus récent) les travaux relatifs à l’Histoire du syndicalisme des fonctionnaires et agents publics apportent, en prenant avec les débats contemporains les distances qui conviennent, un éclairage appréciable.
Ils montrent par exemple que Georges Pompidou Premier ministre refusait toute négociation avec les fédérations de fonctionnaires en affirmant que « L’Etat ne négocie pas avec lui-même » et qu’il a fallu le mouvement de mai 1968 pour la lui imposer, pour la première fois dans l’Histoire de la Fonction publique - sous des formes et dans des limites qu’il faut apprécier à leur juste valeur - alors que les délégations confédérales aboutissaient au « constat de Grenelle ». Ils permettent de découvrir les prémices de la naissance de la « politique contractuelle » dans la fonction publique et dans le secteur public et son évolution au long des décennies suivantes. Ils permettent aussi de vérifier que cette dernière était - quoi qu’on puisse en penser par ailleurs - une novation dans l’histoire de la politique salariale de l’Etat dans une période d’inflation aux caractéristiques économiques profondément différentes de celles que notre pays, l’Europe et le monde connaissent aujourd’hui.
En remontant beaucoup plus loin dans le passé, on découvre comment les pionniers du syndicalisme traitaient une presse qui était loin d’avoir l’audience des médias d’aujourd’hui (la télévision n’existait pas et les postes de TSF étaient peu nombreux). Pendant une bonne partie de l’entre-deux-guerres, « La Tribune des fonctionnaires », qui avait joué un rôle important dans la victoire du « Cartel des gauches » en 1924, était un hebdomadaire tirant à 300.000 exemplaires. Sa collection reste aujourd’hui une source incomparable d’information sur le syndicalisme de l’époque. La Fédération générale dont elle était l’organe occupait une place originale sur le terrain social et politique sous la IIIe République (un aspect du sujet « Syndicalisme et politique » précédemment évoqué).
1- Dans la rubrique « Débats et controverses » de « L’Humanité » du jeudi 26 juin 2014, on peut lire sous le titre « Pourquoi les médias sont-ils unanimes contre les mouvements sociaux » le point de vue de trois spécialistes :
-Henri Maler, fondateur de l’association Acrimed ;
-Patrick Kamenka , Représentant de la Fédération européenne des journalistes ;
-Véronique Marchand, journaliste, secrétaire générale du SNI-CGT France Télévisions