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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 12:42

   Le 70e anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance est commémoré avec un  certain éclat, et il y a tout lieu de s’en féliciter. Mais on ne peut éviter que bien des récits, témoignages ou autres écrits émanant de résistants inconnus ou oubliés échappent aux investigations des médias.

   Puisque je dispose de ce blog, on me permettra de sortir de son périmètre habituel et de  l’utiliser pour reprendre un texte sur Henriette BIDOUZE, inséré dans l’ouvrage publié en 1985 aux éditions Messidor sous le titre « elles la résistance » traitant un élément peu connu : les « comités féminins ». Cet ouvrage, dont l’Avant-propos était de Marie-Claude Vaillant-Couturier, évoquait une vingtaine d’autres  résistantes. 

 

 

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 Henriette Seguet en 1945

 

 

 

   Henriette, lorsqu’on l’appelle encore parfois Ginette, se reporte en des temps et des lieux proches et lointains tout à la fois.

   En avril 1940, elle a dix-neuf ans. Son père, conseiller municipal communiste à Jurançon est arrêté avec d’autres, en tant que tel. Toute la famille était d’ailleurs engagée politiquement, et la jeune fille elle-même était membre des jeunesses communistes.

   Le père était un ouvrier, monteur de téléphones aux PTT, qui, au début de la guerre, avait été muté d’office dans le Puy-de-Dôme, puis révoqué avec un dossier bien fourni de « communiste dangereux ». Ce qui, en avril suivant, lui vaut, et son arrestation et son emprisonnement dans les prisons françaises d’abord (Ile de Ré) puis sa déportation en Afrique du Nord. Le salaire paternel était la seule ressource du foyer. Henriette préparait son brevet supérieur. Elle réussissait bien. Mais devant la situation de sa mère (elle avait un frère plus jeune de quatre ans) elle propose d’abandonner ses études et de prendre du travail. La mère s’oppose et finit par accepter. La nuit, elles travaillent à domicile pour fournir le plus d’ouvrage possible aux entreprises de confection qui leur en confient. Par la suite, la mère d’Henriette trouve un emploi de piqueuse de tiges de chaussures, et la jeune fille obtient quelques suppléances au titre d’institutrice intérimaire.

    Il faut vraiment qu’on en ait besoin, car le dossier d’Henriette n’est pas de ceux qui favorisent alors une carrière : avoir un père en prison pour des raisons politiques, avoir soi-même frayé avec les jeunesses communistes, cela n’est pas dans l’optique des autorités vichyssoises, on s’en doute. Elle tiendra pourtant deux ans dans l’enseignement. Son activité lui permet des contacts dans des villages nouveaux, de renouer avec d’anciens camarades de son père (dont certains avaient milité avec lui contre Tixier-Vignancourt dans le canton d’Orthez…) Mais elle se lie aussi avec des socialistes, à des échanges enrichissants et très positifs avec bien des gens.

    Les communistes organisés demandent, bien entendu, des services à la famille : abriter des clandestins, cacher du matériel. Mais, dit-elle, j’ai comme l’impression qu’ils craignaient de trop mettre en cause la famille du militant arrêté !

   En 1942, Henriette est contactée pour la mise en place des « Comités féminins ». On connaît son passé, ses liens avec l’action des Jeunes filles de France pour l’aide à l’Espagne républicaine, si proche. Sa mère, avant la guerre, avait été membre du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme animé,  entre autres, par Maria Rabaté. Henriette avait organisé nombre d’expéditions vers le camp de Gurs, dans la région d’Oloron-Sainte-Marie, où étaient internés les volontaires des « Brigades internationales » ayant franchi la frontière.

   « Au départ, se souvient-elle, les Comités féminins  sont de petits groupes sans liens entre eux. La tâche initiale des Comités féminins est d’organiser la solidarité : avec les familles d’internés, de prisonniers de guerre, de déportés. On collecte des vêtements, de la nourriture, de l’argent au profit des plus nécessiteux, on fait des colis… Mais il est primordial d’établir un réseau de confiance  sur la base de cette solidarité… Et aussi de récupérer des informations précieuses sur les emplacements des dépôts de vivres ou de biens réquisitionnés par les nazis. Parfois on manifeste devant ces dépôts pour revendiquer leur répartition à la population. D’autres fois on organise la mise à sac pure et simple. C’est à la fois aisé à comprendre et difficile à réaliser. Mais l’action d’après « Ginette «  ne devait pas s’arrêter là. La solidarité d’accord, et aussi le déblocage des stocks allemands. Les femmes fournissent des informations sur ces stocks : on sait où il y a des pommes de terre entreposées. Alors elle  se procurent du papier, des étiquettes gommées, pré-encollées sur lesquelles elles tracent le bleu-blanc-rouge national et inscrivent leurs revendications : « Nos enfants n’ont rien à manger et, à tel endroit, les Allemands détiennent tant de pommes de terre. Manifestons, exigeons ce dont nos enfants ont besoin ! » Elles collent leurs affichettes un peu partout, lancent des tracts. Chacune sait quels sont les périls encourus. Pour les mères de famille, l’engagement est parfois plus dur. Henriette et ses vingt ans se sentent « libres et motivés. »

   Elle s’associe à la mise en œuvre d’actions collectives. Ainsi, la « manif » du 14 juillet à Pau, avec des bouquets  tricolores. Henriette est en liaison avec des responsables de Tarbes et de Toulouse. Grâce à ces contacts, elle est informée de la situation générale. Les Comités féminins sont en rapport avec le Front national et les maquis de FTP qui se constituent dans les régions de Nay, Asson  etc, régions qui connaissent de grandes activités de sabotage.  Des partisans sont pris. Exécutés. Des  femmes , indignées , se révèlent alors favorables à l’action clandestine. Pour certaines dont le mari est prisonnier, les sorties nocturnes ne sont pas sans présenter des problèmes d’interprétations malignes. Pourtant les choses vont.

   Henriette rit : un jour se souvient-elle, mission lui est confiée de transporter des armes pour les partisans du maquis de Ferrières. A trois sur leurs vélos. Un gendarme s’arrête, les prenant pour des trafiquants de marché noir. Il leur fait la morale mais ne les fouille pas. Brave gendarme. Les armes seront livrées où il se doit et à qui de droit.

    Un jour Henriette apprend que la mairie de Jurançon réclame des employés pour l’établissement des cartes d’identité. Elle voit immédiatement l’intérêt stratégique d’un tel emploi. Elle est au chômage de surcroît ! Elle se présente, on l’embauche. Quelque semaines après, les FTP, prévenus par cette « employée modèle » arrivent et emportent tous les titres parfaitement légitimes. Pas question pour Henriette de se représenter. Une des raisons pour qu’elle quitte les Basses-Pyrénées.

    Les comités féminins se sont étendus. Leur appui aux maquis est efficace. Leurs actions spectaculaires se multiplient (une manifestation, par exemple, de cent cinquante femmes vêtues de tricolore  sur la place du marché de Pau pour le 14 juillet).

   Henriette n’a jamais refusé une mission. Parfois elle a quelque mésaventure : ainsi lorsque le  Front national  la charge, machine et stencils à l’appui, de compléter et taper un tract pour le lendemain. Une nuit de travail acharné. Mais les machines sont ce qu’elles sont. Et parce qu’elle a oublié de placer une plaque sous son stencil, le titre tracé au poinçon est parfaitement lisible … sur le bois du meuble. «  Bah, dit-elle ». Son groupe possède deux machines à écrire  et deux affreuses ronéos que les femmes manipulent, trimbalent, déménagent sans cesse.

    Au début de 1944 Henriette part dans la    zone de Tarbes et devient responsable de deux départements : Hautes et Basses-Pyrénées . Elle y restera jusqu’en 1946 pour mettre en place les premiers éléments officiels de l’Union des Femmes françaises.

   En 1944, la situation a nettement  tourné en défaveur des nazis. On sent les possibilités insurrectionnelles affleurer partout. Les interventions des maquis se multiplient et les manifestations des femmes se font de plus en plus audacieuses. Mai si, parallèlement la population est désormais dans son ensemble favorable, le danger devient plus pressant. Les Allemands n’ont plus grand-chose à ménager. On découvrira des charniers près d’Oloron et Idron.

    Il y a eu Stalingrad. Arrive le débarquement. Henriette est à Tarbes ce jour-là : elle va participer à la descente des maquis et à la jonction des forces organisées. Les ouvriers, dans les usines de Tarbes, ont créé des organisations de résistance, de sabotage, tout comme ceux de l’arsenal et des chemins de fer.

    C’est l’installation des pouvoirs de substitution avec les mairies. Les femmes des comités y participent. Henriette et ses compagnes appellent à l’insurrection. Henriette est convoquée à Lyon, où les responsables des comités féminins des zones nord et sud décident de s’identifier, en présence de Simone Bertrand, Claudine  Chomat, Marcelle Barjonnet, Fernande Valignat. Il lui faudra trois jours pour aller de Tarbes à Lyon tant les perturbations sont encore importantes.

    Elle restera un temps secrétaire départementale de l’UFF des Hautes-Pyrénées, retournera à Pau, viendra en 1952 à Paris prendre place à la direction nationale de l’UFF (où elle sera rédactrice en chef, puis directrice du journal Heures Claires). Connue jusqu'alors sous son nom de jeune fille Henriette Seguet épouse René Bidouze en 1952. 

    Elle continue à s’enthousiasmer pour la transformation de la condition féminine. Un regret : que la Résistance ne soit pas plus et mieux exposée dans les livres scolaires. Un espoir : que jamais la guerre ne  

revienne, que chacun soit prêt  à tout pour éviter le retoures horreurs qui ont fait d’elle une femme dont la destinée fut intimement liée à celle de la libération de notre pays.

 Henriette Bidouze, Vice-présidente de l’Union des Femme françaises, est décédée en 1989.

         (cf notices Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Wikipédia)

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 08:29

    A l’occasion de l’anniversaire du Conseil national de la Résistance, je rappelle qu’à l’initiative de L’Union des Femmes françaises s’était tenu à la Sorbonne, les 22 et 23 novembre 1975, un colloque sur « Les femmes dans la Résistance »

    Henriette Bidouze, ancienne résistante, directrice de la revue « Heures claires », était la coordinatrice de ce colloque, dont les Actes furent publiés aux Editions du Rocher en 1977.

        Je signale aussi "elles la résistance" témoignages recueillis par  Marie-Louise Coudert, avec un  avant-propos de Marie-Claude Vaillant-Couturier,  Messidor, 1985 .

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 07:26

        Les événements  de la décennie qui a suivi le mouvement de mai 1968 ont donné lieu à un assez grand nombre d’ouvrages, études, entretiens et colloques et il y a tout lieu de penser que ce mouvement se poursuivra car cette période est riche  de questions majeures dont la connaissance et l’approfondissement sont d’une grande utilité dans la vie politique, économique et sociale  de cette première partie du XXIe siècle.

        Il en va ainsi de la question de la mesure et de l’évolution des prix à la consommation qui à toutes les époques a  constitué le point de référence du niveau des salaires et de leur  pouvoir d’achat et a d’autant plus profondément marqué la période dont il s’agit qu’elle a connu un niveau très élevé d’inflation.

        Un article de Béatrice Touchelay, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lille 3, intitulé "1970-1980 - La controverse sur les indices des prix" est publié dans le dernier n° des Cahiers de l’Institut CGT d’Histoire sociale Cet article qui se réfère  à d’autres textes de l’auteur, notamment Cinquante ans d’indice des prix de détail en France, des 13 aux 250 articles, et à divers textes de la CGT concernant son indice, évoque les évolutions  des indices des prix,  leur contestation dans les années 1970, la création et les évolutions de l’indice publié par la CGT.

       On se bornera ici à présenter deux observations :

 1°-  Alors que la période ouverte par le mouvement de mai 1968 est celle de la « politique contractuelle », elle n’est même pas mentionnée dans l’article. La question des indices était la pierre d’achoppement de la « politique salariale de l’Etat » ( au sens le plus large du terme)  s’appliquant directement aux personnels actifs et retraités des secteurs publics et nationalisés,  interférant sur celle du patronat pour les salariés du secteur privé, et apparaissant comme un élément important de la politique économique, sociale et budgétaire.

 2°-  Il est indiqué que l’indice de la CGT « cesse d’être publié à partir de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République en mai 1981 », mais la « désindexation des salaires » décidée par Jacques Delors, ministre des Finances, en avril 1983 pour devenir la  marque de la politique salariale de tous les gouvernements successifs est absente.

        Si on établissait une bibliographie des travaux de spécialistes  de toutes disciplines  portant sur cette période et sur  celle des « années Mitterrand », on ouvrirait une vision plus large de l’histoire économique  sociale et politique et de celle des différentes composantes du mouvement syndical qui reste pour une large part à écrire. 

        Peut-être se souviendrait-t-on alors de mes modestes contributions : ma communication au Colloque de  L’Institut CGT d’Histoire sociale sur « La CGT de 1966 à 1984 : l’empreinte de Mai 1968 » (dont les Actes ont été publiés dans un volume de 533 pages) comprenant des développements sur  la politique salariale de l’Etat,  repris en 2011  dans ma conférence sur Les services publics dans l’Histoire sociale  et dans d’autres études récentes ou plus anciennes.  Peut-être  se déciderait-t-on à signaler  mon dernier ouvrage L’Etat et les fonctionnaires et agents publics de la plume sergent-major à internet, qui  est une histoire de cette  politique salariale et de l’organisation des carrières des fonctionnaires de la fin du XIXe siècle à nos jours  (la troisième partie du volume 2 de cet ouvrage inséré en publication numérique sur le site Calaméo est précisément consacrée à la « politique contractuelle » de la période 1968-1981 et à ses suites).            

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 10:02

         Carole Moniolle, maître de conférences à Paris X-Nanterre publie une étude très documentée sur « Les rémunérations dans la fonction publique de l’Etat : vers une nouvelle cohérence ? » (Convention IRES/CGT-FO 2012) 196 pages.

         Cette étude,  qui a été commandée par la Fédération FO des fonctionnaires à l’IRES (Institut de Recherches Economiques et Sociales) est un apport de qualité à la connaissance de l’évolution du droit de la fonction publique. Elle est accompagnée d’une fort utile  bibliographie:

   (Ouvrages anciens sur la fonction publique-Thèses, mémoires, études-Articles sur les composantes de la carrière et le dialogue social-Articles sur les rémunérations-Rapports officiels- Documents budgétaires, documents parlementaires, « littérature grise »- Documents DGAFP…) La dernière rubrique mentionne divers numéros de La nouvelle tribune, organe de la FGF-FO.

          Qu’on me permette, en  saluant comme il convient cette étude, de présenter une remarque conçue non comme une critique (que je pourrais formuler, comme je l’ai déjà fait,  à l’égard d’autres publications)  mais  comme un constat qui devrait donner à réfléchir :

          Aucun de mes ouvrages, études et articles ne figure dans la bibliographie qui accompagne cette étude. Il est vrai que  nombre de ces écrits - mais pas tous - ont été publiés dans des organes de la CGT et de son Institut d’Histoire, ce qui de toute façon, ne saurait faire obstacle à une approche objective.  Mais aucun d’entre eux n’engage  d’autres appréciations que celles de leur auteur qui n’exerce aucune responsabilité syndicale depuis trente-cinq  ans, a assumé par la suite des responsabilités politiques et administratives, et s’exprime en toute indépendance.

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 08:40

    Une série d’interrogations  concernant  l’histoire de la CGT des deux dernières décennies du XXe siècle – qui ne sont pas étudiées dans mon ouvrage Les fonctionnaires sujets ou citoyens ? dont  le tome 2 traite de la période de la scission de 1947-1948 à avril 1981 et qui de toute façon dépassent largement son objet - sont aujourd’hui  posées  selon plusieurs  sources, les unes publiques, les autres d’accès plus restreint.

   Ainsi, dans une conférence sur « démocratie ouvrière et démocratie syndicale » survolant  l’histoire du syndicalisme de 1884 à 1995 dans la perspective d’un colloque prévu pour 2013, la crise survenue à la direction de la CGT en 1978-1982  est  mentionnée en ces termes : « Au 40e congrès de Grenoble en 1978, Georges Séguy reprend son projet d’autonomisation de la CGT par rapport au PCF. Il est contré par Henri Krasucki qui lui succède en 1982. La CGT traverse une crise sur laquelle toute la clarté n’a pas encore été opérée ».

     Sur cette période, on dispose  de  témoignages, de commentaires  partiels, plus ou moins hermétiques, qui suscitent parfois plus d’interrogations qu’ils n’apportent de réponses. Des témoins et acteurs de premier plan comme Henri Krasucki sont  décédés depuis plusieurs années.

    Si on s’intéresse à l’histoire sociale, et si on estime qu’il serait utile de faire « toute la clarté » on ne peut en rester là. Quel que soit l’intérêt - très inégal - des  éléments disponibles qu’il faut de toute façon soumettre à un examen critique, ou d’éventuelles communications dans un colloque, on peut souhaiter une  analyse d’ensemble menée selon les méthodes et contraintes de la recherche historique. D’autant que d’autres questions et d’autres épisodes posent le même problème.

    Indépendamment des formes qu’elle peut revêtir, une  telle   analyse  devrait   se  situer clairement dans le contexte général  de notre histoire contemporaine et des multiples éléments de la relation  de la CGT (dont il faudra vérifier si elle  était, comme il est affirmé dans cette conférence, un « syndicalisme partidaire face au keynesiano - fordisme ») avec le Parti communiste, sans perdre de vue qu’il conviendra d’étudier aussi, sans complaisance, la relation  des autres  centrales (FEN, FO, CFTC, CFDT) avec les partis et le pouvoir politique.                                                               

     Pour les périodes auxquelles ils s’appliquent, mes textes  n’éludent pas  la question de la représentation des courants de pensée au sein de la CGT, de la part qu’y a prise le mouvement des fonctionnaires et des conséquences qui en ont résulté pour son fonctionnement et son action. Le syndicalisme des fonctionnaires et agents publics est par nature et par définition en rapport direct avec l’Etat, le gouvernement, le Parlement, les collectivités publiques. Il  occupe donc sur l’échiquier politique, économique et social  une situation spécifique.      

     L’analyse de la « politique salariale de l’Etat », c’est-à-dire en fait de l’ensemble de la politique générale de l’Etat à l’égard des fonctionnaires traitée dans L’Etat et les fonctionnaires de la plume sergent-major à internet pour la période de la fin du XIXe siècle à nos jours ( site Calaméo) donnera lieu à la présentation ici même  d’un certain nombre d’articles  portant sur les principaux  thèmes représentatifs de cette politique.

     Une telle étude implique le mouvement syndical dans les conditions qui ont été maintes fois explicitées dans mes écrits, mais ne se confond pas avec une analyse de ses  orientations et de son action qui relève d’une autre démarche, et dont  j’émets encore une fois l’opinion que pour la période des deux dernières décennies du XXe siècle  elle gagnerait à être réalisée sans plus tarder.   

 

 

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 11:01

      Je m’apprêtais à publier un point de vue exprimé par Henri Krasucki  à l’occasion de la parution de mon ouvrage Les fonctionnaires sujets ou citoyens en 1979-1981 lorsqu’est parue dans l’Humanité une enquête de l’IPSOS selon laquelle « une large majorité de Français estime que la lutte des classes n’est pas un mythe ». Je concluais ainsi mon commentaire : « Si les réflexions avancées sur la relation entre le syndicalisme des fonctionnaires et le syndicalisme confédéral  étaient pertinentes en 1981, on aimerait savoir, cartes sur table,   pourquoi elles  auraient  cessé de l’être en 2012-2013. Ici, on ne pratique pas le « non-dit ».

     Nous   reviendrons sur cette question et sur le commentaire qui l’accompagnait. Voici au préalable l’article dont il s’agit.

 

 

     Henri Krasucki, qui avait de longue date pris conscience des problèmes généraux de la fonction publique et des enjeux du syndicalisme des fonctionnaires, et avait été associé à ma décision d’engager des travaux d’histoire a, plus que tout autre dirigeant confédéral de la CGT, commenté et apprécié en 1979  la parution du premier  volume de Les fonctionnaires sujets ou citoyens ?

    En juillet 1981, alors que j’occupais depuis peu les fonctions de directeur du cabinet du ministre de la Fonction publique,  il m’a appelé pour me faire connaître l’appréciation qu’il portait sur le second  volume qui venait de paraître.  Il l’avait lu dans l’avion, au retour d’une session de la Fédération syndicale mondiale. Il constatait que mon intention de travailler sur l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires manifestée en juin 1978 lors de mon départ de l’UGFF, s’était concrétisée par deux volumes en trois ans. Sur ce tome II il portait en substance  les appréciations suivantes (que j’ai notées sur-le-champ) :

    «   Les questions délicates ont été parfaitement traitées, avec la hauteur de vues nécessaire. Il est impossible de dire le contraire de ce qui est écrit dans ce livre, qui traite l’histoire pour ce qu’elle est. Sur Léon Rouzaud, Le Brun, Berteloot, très bien. Sur la période délicate, le ton qu’il faut.

     Ce livre vient au bon moment, au-delà du monde des fonctionnaires. L’intérêt du premier volume était de donner une idée enfin sérieuse basée sur les faits, d’une histoire compliquée.

     Le deuxième est écrit en avril 1981. Les points de suspension et la fin sont bien conçus. Le livre ne sera pas daté, les événements se poursuivront ».

    Henri  Krasucki ajoutait : « Je défie qui que ce soit de « tousser ».Tout ce qu’on pourra écrire maintenant sur ce sujet sera une contrefaçon, une entreprise de mauvaise foi battue d’avance »…

    Quelques mois plus tard, La Vie ouvrière (n° 1942 du 18 novembre 1981)  lui consacrait deux pages sous le titre La recherche passionnée d’une solidarité de destin avec la classe ouvrière comprenant une reproduction de la couverture du vol I, un long entretien avec Thérèse Hirszberg et un article d’Henri Krasucki ( qui était à l’époque secrétaire de la CGT et directeur de la VO) intitulé Pour qui s’intéresse à l’évolution de la CGT.

   On reproduira ici cet article :

                                           Pour qui s’intéresse à l’évolution de la CGT

    Les deux volumes  sur l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires de René Bidouze intéressent beaucoup plus que les fonctionnaires.

    Tous ceux, toutes celles qui cherchent à connaître, à comprendre la CGT, sa diversité et son évolution au fil du temps ont beaucoup à y apprendre.

    Il s’agit d’un travail sérieux, fondé sur les faits sans rien gommer et dégageant, à chaque étape, une réflexion sur le sens profond de ce qui s’est produit.

    Thérèse Hirszberg le présente ici à son importance. Je me permets, à l’appui de ce qu’elle en dit, de souligner qu’il n’est pas courant d’avoir un ouvrage qui part des débuts et va jusqu’à nos jours.

    De mentionner ensuite l’originalité de la composante « fonctionnaire » du monde du travail et de son cheminement : ce n’est qu’en 1924 qu’ils ont conquis le droit de constituer des syndicats !

     Beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, cette expérience apprend à traiter avec doigté, sans simplification « tout blanc-tout noir », de la réalité historique et donc de ce qu’est réellement notre vaste et si diverse CGT, que des esprits superficiels traitent ces temps-ci avec tant de légèreté. Et pour certains, de malveillance.

     Par-dessus tout, et en fin de compte, ces deux volumes montrent pour quelles raisons fondamentales commandées par la vie sociale elle-même et par quel cheminement on est passé d’un syndicalisme des fonctionnaires qui fut longtemps le point d’appui massif du réformisme syndical dans la CGT à un syndicalisme moderne où la conception de masse et de classe, qui est celle de toute la CGT, est devenue le bien commun des organisations CGT de fonctionnaires groupées dans leur UGFF.

    Or, c’est l’un des faits les plus considérables  de la vie syndicale française : la CGT est la première organisation syndicale chez les fonctionnaires aussi. Et le courant syndical de lutte de classe est, par là, devenu le plus influent parmi les fonctionnaires avec les particularités qui sont les leurs.

     Cela fait partie des choses  qu’il faut connaître  pour comprendre ce qu’est vraiment la CGT.

      C’est aussi l’œuvre de plusieurs générations de militants qui ont pris part à la lutte durant des décennies et représentent toutes les sensibilités existant dans la CGT.

      De Michel Piquemal, Alain Le Léap, Léon Rouzaud, André Berteloot, Roger Loubet, dirigeants d’aujourd’hui, René Bidouze n’en oublie aucun, loyalement.

      Je ne froisserai pas sa modestie en me bornant à rappeler que lui-même a été, durant de nombreuses années, un remarquable secrétaire général de l’UGFF pour qu’on se rende compte qu’il a pris, lui aussi, une certaine part à cette évolution et qu’il connaît ce dont il parle…

                                                                                    HENRI KRASUCKI

 

 

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 09:58

 

 

         Dans le précédent article évoquant la page consacrée dans la rubrique HISTOIRE  du Monde ECO & ENTREPRISE à « La laborieuse invention du salaire minimum » je constatais qu’elle ignore  certains  aspects  de l’histoire sociale. Je crois devoir préciser que ces aspects étaient analysés dans mon ouvrage Les fonctionnaires sujets ou citoyens publié en 1979, et sont repris plus largement dans l’ouvrage inédit que j’ai inséré en trois volumes de publications numériques sur le site Calaméo sous le titre L’Etat et les fonctionnaires de la plume sergent-major à internet 1.

        Chacun peut trouver dès maintenant dans ces textes - qui étudient l’histoire du  syndicalisme des fonctionnaires et celle de la politique salariale de l’Etat de la fin du XIXe siècle à nos jours - un ensemble d’éléments venant à l’appui de cette constatation. 

        Mais pour une approche plus concrète  du problème ainsi posé, je publierai début janvier dans ce blog une courte série d’articles présentant des extraits significatifs de ce dernier  ouvrage.

     1-   Dans la Troisième partie du vol I Les réformes fondatrices d’une nouvelle fonction publique (1944-1950) (pages 47-80) le chapitre consacré à l’élaboration du statut général des fonctionnaires analyse ainsi « Le nouveau système de rémunération » instauré par la loi du 19 octobre 1946, qui a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée  nationale :

              -Les principes généraux

              -Les primes et rémunérations accessoires

              -Le minimum vital et le Smig

              -Les principes du classement des emplois

 

         

 

 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 09:10

      Le Monde Eco & Entreprise, supplément au numéro du Monde daté du 18 décembre 2012, publie dans la rubrique Histoire, sous la signature de Michel Noblecourt un article intitulé « La laborieuse invention du salaire minimum » accompagné d’une colonne de Dates jalonnant  cette histoire allant du 10 août 1899 au 1er juillet 2012, d’un texte du 26 août 1950 repris dans les archives du journal intitulé  « Une mesure nouvelle dans la législation sociale » commentant le décret  qui fixait le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) instauré par la loi du 11 février 1950, et d’une photo de la première réunion du cabinet René Pleven le 12 juillet 1950.

       Même en lui consacrant une page entière, cette histoire ne pouvait faire l’objet que d’un survol assez sommaire  suscitant par ailleurs  un certain nombre de réserves. Il  se trouve que la Fonction publique a joué un rôle historique dans la définition du minimum vital et dans l’élaboration du concept de budget-type, et que la politique salariale de l’Etat a revêtu notamment dans ce domaine du salaire minimum, une portée qui dépasse largement les millions d’agents publics auxquels elle s’applique. Dès lors  qu’elle  ignore complètement cet  aspect essentiel de l’histoire qu’elle prétend traiter, c’est la pertinence même de cette prestation du Monde qui est contestable.

       Quand on appartient à la génération des fonctionnaires qui exerçaient leurs fonctions dans les années de la Libération, et quand de surcroît on s’est livré à des travaux de recherche sur l’histoire sociale de la deuxième moitié du XXe siècle, et plus particulièrement sur celle de la politique salariale de l’Etat, on est conduit à rappeler des données  et à avancer des analyses qui  en apportent la démonstration.   

      C’est ce que je vais faire dans les prochains articles de ce blog.  

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 08:12

                                      (2 décembre 1922- 2012)

 

 

    Comme annoncé dans un précédent article, une nouvelle brochure est insérée sur le site Calaméo :

                                   René Bidouze

                             

                                        

                                                Snapshot 20111230                                  

Le parcours de trois quarts de siècle  

 

          d’un  fonctionnaire

 

                           dans  le mouvement ouvrier

  

                                                     Générations de militants

Lire la publication

        

 

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 09:33

    Sur beaucoup d’événements ou d’épisodes de notre histoire, on dispose d’ouvrages d’entretiens généralement rédigés par des journalistes avec des personnalités du monde politique, syndical, associatif,   de mémoires ou de souvenirs personnels. 

                                                          

    Les questions et les réponses présentent, même dans les prestations de qualité, les défauts bien connus de la mémoire et des témoignages.

    L’analyse critique, la confrontation des témoignages qui ont souvent le mérite de révéler des faits qui resteraient ignorés, la correction des oublis parfois délibérés, la réfutation des affirmations erronées, le recours à tous les moyens concrets de la recherche, notamment les archives et documents sont indispensables.

    Dans mes écrits concernant l’histoire de la Fonction publique et celle du syndicalisme, ceux qui s’appliquent aux périodes au cours desquelles j’ai exercé des responsabilités administratives, syndicales ou politiques sont pour une part des témoignages dans la mesure où ils reflètent ma connaissance directe des faits et mon implication personnelle. Mais ils n’ont revêtu en aucun cas un caractère autobiographique, dès lors qu’il s’agissait essentiellement d’une contribution à l’histoire de la fonction  publique et du syndicalisme des fonctionnaires que je m’efforçais de mener selon les méthodes de la recherche historique.

    On proposera prochainement un angle d’investigation comportant une certaine ouverture au témoignage personnel sur les idées, les formes d’organisation, les rapports humains du mouvement ouvrier, et sur les contraintes de l’action gouvernementale pour des périodes et sur des sujets clairement délimités.

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Eléments biographiques

   En un demi siècle, j'ai fait "le tour de la table" de la politique de la fonction publique comme syndicaliste, directeur de cabinet du ministre, conseiller d'Etat en service extraordinaire, auteur d'ouvrages.

 

  Né le 2 décembre 1922 à Jurançon (Pyrénées-Atlantiques)

 

-Fonctionnaire

 Receveur divisionnaire des Impôts honoraire

 

-Dirigeant national du mouvement syndical des fonctionnaires (1958-1978)

  Secrétaire du Syndicat national des Contributions indirectes 1958-1963

  Secrétaire général de la Fédération des finances CGT 1963-1970

  Secrétaire général de l’Union générale des fédérations de fonctionnaires (UGFF) et

  Membre du conseil supérieur de la fonction publique 1970-1978

  Membre de la commission exécutive de la CGT 1969-1975.

 

  Membre du conseil d’administration de l’Institut CGT d’histoire sociale.

 

-Directeur du cabinet du ministre de la fonction publique et des réformes administratives  (juin 1981-novembre 1983).

 

-Conseiller d’Etat en service extraordinaire (novembre 1983-novembre 1987).

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