Le Président de la République reconnaît la responsabilité de l’Etat français dans la mort de Maurice AUDIN , mathématicien militant de l’indépendance de l’Algérie torturé et tué en 1957.
Cet événement historique est l’occasion d’un modeste mais ferme et sincère rappel de témoignage personnel sur la guerre d’Algérie dans l’histoire du syndicalisme. (On peut le trouver dans mes articles et ouvrages que des dirigeants syndicaux font semblant d’ignorer).
La guerre d’Algérie, à laquelle nos gouvernants ont longtemps dénié le caractère de « guerre » pour la qualifier « d’évènements » faisait rage depuis novembre 1954. Je participais à toutes les manifestations organisées pour imposer la paix et j’étais partisan de l’indépendance contre les menées de l’Armée française et sa pratique de la torture dans la bataille d’Alger. En 1958, la guerre d’Algérie restait au cœur de la vie nationale après le complot du 13 mai et la venue au pouvoir du général de Gaulle.
Les années 1958-1962 sont celles de mon mandat de secrétaire du Syndicat national des Indirectes auprès de Léon Rouzaud, secrétaire général de cette prestigieuse orgnisation et dirigeant éminent du mouvement syndical CGT des fonctionnaires, les premières d’une succession de responsabilités à la Fédération des Finances, à l’UGFF et à la CGT.
Le Syndicat des Indirectes entretenait des relations amicales avec le Syndicat des Contributions diverses d’Algérie devenu autonome après l’interdiction de la CGT par Guy Mollet. Dans le même temps, il était profondément engagé dans la lutte pour la paix en Algérie par la négociation. J’étais présent dans toutes les rencontres entre les deux syndicats, j’ai rédigé la plupart des articles sur la guerre d’Algérie dans l’organe La Vie syndicale.
AVitry-s-Seine où j’habitais depuis 1960 jusqu’à mon installation dans le 13earrondissement de Paris en 1970, dans la circonscription Ivry-Vitry du député Maurice Thorez, je militais par ailleurs très activement en toute indépendance comme citoyen pour la paix en Algérie. J’ai assisté à plusieurs meetings de cet homme politique de tout premier plan qui était d’une remarquable adéquation avec son électorat populaire.
Dans des discussions au sein de la commission administrative du syndicat sur l’attitude à adopter dans un référendum relatif à l’autodétermination en 1961 j’ai défendu une position différente de celle de Rouzaud qui a été mis en minorité. Mais j’ai rejeté les propositions sectaires et irréalistes qui n’ont pas manqué de s’exercer sur moi pour accentuer ce que certains interprétaient comme un avantage de « tendance ».J’ai considéré qu’il s’agissait d’une donnée de la vie démocratique du syndicat qui ne mettait pas en cause la profonde cohésion de l’équipe.
En 1962, les pourparlers franco-algériens débouchaient sur un cessez-le-feu et sur les accords d’Evian approuvés par référendum. Chargé, au sein du Bureau syndical, entre autres responsabilités, de celle des mouvements de personnel, je me suis profondément engagé pendant des semaines auprès de la DGI dans l’affectation de chacun des nombreux fonctionnaires rapatriés d’Algérie qui faisaient appel à notre soutien syndical.
En novembre 1964, je représentais la CGT aux côtés de Madeleine Colin et Marius Colombani aux cérémonies et aux manifestations commémoratives de l’indépendance algérienne à Alger.
Georges Pompidou était nommé Premier ministre en remplacement de Michel Debré. En octobre, le gouvernement renversé par une motion de censure et l’Assemblée nationale dissoute, le oui l’emportait au référendum qui proposait l’élection du président de la République au suffrage universel.
De Gaulle était élu en 1965. Notre syndicat, combattait leur politique sur le fondement de ses orientations fondamentales élaborées dans de larges débats démocratiques, et participera au mouvement de mai 1968 et à ses suites…( cf « L’unité d’un parcours citoyen et militant de plus de trois quarts de siècle »).