Des articles et des points de vue sur la Fonction Publique, le syndicalisme et la Commune de Paris.
Les élections législatives doivent avoir lieu le 11 mai 1924. Le Parti socialiste a répondu aux sollicitations du Parti radical, pour un « Cartel des gauches ». Le Parti communiste, qui a refusé cette « alliance électorale sans principe », lutte pour ce qu’il appelle un « Bloc ouvrier et paysan. »
Au congrès de la fédération des fonctionnaires des 2 et 3 mars 1924, un rapport spécial sur « l’action électorale », présenté par Waroquier, rappelle que la fédération a décidé, dans son congrès de 1922, d’intervenir dans la campagne électorale et de se doter d’une caisse en vue de pourvoir aux dépenses nécessitées par cette action. Le rapport a pour objet non l’adoption d’un principe, déjà admis, ou de mesures déjà partiellement réalisées, mais l’examen des moyens de leur donner le maximum d’efficacité. D’autres syndicats que ceux de fonctionnaire intensifient également leur lutte contre les candidats du « Bloc national » et soutiennent ceux du « Cartel des gauches ». C’est ainsi par exemple que la liste des députés coupables d’avoir voté pour les révocations de cheminots le 21 mai 1920 et qui se sont opposés aux réintégrations le 13 mars 1924 est diffusée dans tous les centres de chemins de fer à l’initiative des employés des chemins de fer unitaires et confédérés qui considèrent le « Bloc national » comme « l’ennemi à abattre ».1
Aux élections du 11 mai 1924, le Cartel des gauches l’emporte avec 3.900.000 voix et 313 sièges contre 3.600.000 voix et 299 sièges au Bloc national. Le mécanisme de la loi électorale adoptée en 1919 par le Bloc national s’est retourné contre ce dernier. Le Parti communiste obtient 875.000 voix. De nombreux travailleurs ont voté pour le Cartel des gauches, pour éliminer le Bloc national et sa politique…
Dans La Tribune du 17 mai 1924, l’éditorial de Charles Laurent est intitulé Et maintenant à l’œuvre ! : « La majorité réactionnaire qui s’était acharnée contre nous depuis cinq ans est disparue. Et nous pouvons dire sans forfanterie que les fonctionnaires ont été parmi les meilleurs artisans du succès de la nouvelle majorité. Cet éditorial réaffirme l’indépendance de la fédération à l’égard des partis politiques et énumère les principales questions à résoudre…
… Une circulaire du ministre de l’Intérieur Camille Chautemps en date du 27 septembre 1924 confirme ce qui avait été annoncé dans la déclaration ministérielle du président du Conseil Edouard Herriot : « Les directeurs et chefs de service sont informés que les dispositions de la note du 17 juillet 1920 interdisant les relations avec les groupements professionnels à forme syndicale sont rapportées. Désormais des relations officielles seront entretenues avec tous les groupements professionnels quel que soit le régime sous lequel ces groupements sont constitués. »2.
1- Les cheminots dans l’histoire sociale de la France, Editions sociales, 1967.
2-Une autre précision que les spécialistes et hauts fonctionnaires ne mentionnent jamais soit parce qu’ils l’ignorent soit parce qu’ils préfèrent n’en rien dire : les formations et hommes politiques de droite ont protesté contre cette circulaire.
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