Des articles et des points de vue sur la Fonction Publique, le syndicalisme et la Commune de Paris.
Les années 1960-1970
Dans les années 1960-1980, plusieurs ouvrages concernant le mouvement syndical des postiers (Georges Frischmann, Histoire de la fédération CGT des PTT, Editions sociales 1967 ) et celui des enseignants ( Robert Cheramy, La FEN, 25 ans d’unité syndicale, Epi éditeurs, 1974, Paul Delanoue, Les enseignants, Editions sociales 1973…) ont paru. Mais il n’en existait que très peu, notamment ceux d’Yves Saint-Jours, Marcel Piquemal ou Jeanne Siwek-Pouydesseau, traitant de certains aspects de l’histoire générale du mouvement syndical des fonctionnaires. Le plus notable était le gros ouvrage d’André Tiano intitulé Les traitements des fonctionnaires et leur détermination 1930-1957 dont la deuxième partie était composée de plusieurs chapitres consacrés au mouvement syndical, mais rarement cité dans les bibliographies.
Les contraintes de la recherche
Pour connaître cette histoire et mesurer sa portée sur l’évolution des problèmes généraux de la fonction publique, il fallait appréhender les structures du mouvement syndical, ses orientations, ses relations avec l’Etat, son fonctionnement interne, et le cas échéant la personnalité de ses responsables. On ne pouvait accéder à cette connaissance sans consulter, étudier, analyser – comme dans toute recherche historique- un ensemble de documents d’archives parmi lesquels les journaux bulletins et circulaires tiennent une place de choix. Dans cet ensemble législatif, réglementaire et jurisprudentiel, il est d’autre part plus indispensable que partout ailleurs de se référer aux textes.
Dans la plupart des organisations syndicales, la question de la conservation des archives a été longtemps négligée. Certaines n’ont retrouvé que beaucoup plus tard des éléments qu’elles croyaient perdus. Les archives de la Fédération générale des fonctionnaires constituée en 1909 et qui était jusqu’à son remplacement en mars 1946 par l’Union générale des fédérations de fonctionnaires, la grande organisation représentative de ce mouvement syndical avaient disparu pendant la Seconde guerre mondiale.
Les documents disponibles étaient essentiellement la collection complète de La tribune du fonctionnaire. Ce journal créé en 1913, mensuel puis bi-mensuel devenu hebdomadaire pendant les années de l’entre-deux-guerres, a paru pendant plus de 70 ans. La collection avait fait l’objet d’une reliure annuelle qui se trouvait dans le grand bureau du secrétaire général, au premier étage de l’immeuble du 10 rue de Solférino actuellement occupé par le Parti socialiste.
Deux auteurs
J’ai personnellement publié en 1979 et 1981, c’est-à-dire au cours des trois années qui ont séparé la fin de mes mandats syndicaux en 1978 de ma nomination aux fonctions de directeur du cabinet du ministre de la fonction publique et des réformes administratives en juin 1981 :
-Les fonctionnaires sujets ou citoyens ?
Tome I - Le syndicalisme des origines à la scission de 1947-1948, Editions sociales, 1979 370 pages – Préface d’Alain Le Léap, ancien secrétaire général de l’UGFF puis de la CGT.
Tome II - Le syndicalisme de la scission de 1947-1948 à avril 1981, 1981, 378 pages
Jeanne Siwek-Pouydesseau, qui avait publié en 1970-1971 des études concernant l’élaboration du statut général des fonctionnaires, le Conseil supérieur de la fonction publique, la participation, a produit plusieurs ouvrages de référence également fondés sur la collection de La tribune des fonctionnaires, sur d’autres documents, sur des rencontres avec d’anciens responsables syndicaux. Ces travaux, il convient de le souligner, s’appliquaient à un champ plus étendu d’organisations des services publics affiliées aux diverses confédérations ou autonomes
- Le syndicalisme des fonctionnaires jusqu’à la guerre froide 1848-1948, Presses universitaires de Lille, 1989 ;
- Les syndicats de fonctionnaires depuis 1948, PUF 1989 ;
- Les syndicats des grands services publics et l’Europe, L’Harmattan1993 ;
- Les syndicats des fonctions publiques au XXe siècle, Berger-Levrault, 2001
Cet auteur a publié par la suite d’assez nombreux articles et études et produit des contributions à des colloques.
Pour ce qui me concerne, on peut citer :
René Bidouze
Cahiers de l’Institut CGT d’histoire sociale
- Dossier -Le soixantième anniversaire du statut général des fonctionnaires, n° 99 septembre 2006.
- Le « Grenelle » de la fonction publique et ses suites, n° 107 septembre 2008.
- Dossier - Centenaire d’une période « fondatrice » du mouvement associatif et syndical des fonctionnaires postiers, enseignants (1909-2009) juin 2009.
Communications dans les Colloques de l’IHS-CGT
- Colloque La CGT dans les années 1950 (2005), La CGT dans la fonction publique
- Colloque Unité syndicale, fatalité de la division 1943-1995 (2006), Les fondements idéologiques et historiques d’une unité préservée dans quelques secteurs du syndicalisme des fonctionnaires
- Colloque La CGT de 1966 à 1984, l’empreinte de mai 1968 (2008), Le syndicalisme de la fonction publique face à la politique salariale de l’Etat et à l’organisation des carrières des fonctionnaires.
PTT et Education nationale
L’implication des fédérations postales – qui regroupaient des personnels relevant du statut général des fonctionnaires- auprès des fédérations générales de fonctionnaires représentées au sein du Conseil supérieur de la fonction publique, la responsabilité directe de la Fédération de l’Education nationale (FEN) qui était aussi une des fédérations représentatives de fonctionnaires, ont conduit, dans une mesure plus ou moins large selon les périodes, les auteurs d’ouvrages consacrés à ces secteurs à traiter de divers aspects de l’histoire générale du syndicalisme des fonctionnaires.
L’Institut de recherches de la FSU, le Centre Henri Aigueperse de l’UNSA Education, l’Institut d’histoire de la fédération des personnels de la Poste et de France Télécom CGT ont des publications régulières et éditent des ouvrages. Une bibliographie générale des travaux consacrés aux PTT et à l’Education nationale serait également très utile.
Des textes de seconde main
A partir des années 1980, on a senti, notamment dans des publications et colloques sur l’actualité de la Charte d’Amiens de 1906, ou dans des colloques consacrés au cinquantenaire de l’ENA (1995) et du statut général des fonctionnaires (1996), un certain développement d’études et interventions émanant principalement de juristes ou de spécialistes de science administrative.
Se citant mutuellement dans une sorte de circuit fermé, et se référant à des témoignages unilatéraux et contradictoires, certains de ces textes font des analyses qui suscitent de sérieuses réserves. Ils présentent, en effet, une gamme d’interprétations plus ou moins respectueuses de réalités historiques appréhendées de seconde main, et sont frappés d’outrances simplificatrices. Une étude exhaustive apporterait une illustration saisissante de ce phénomène que le talent des auteurs ne saurait occulter.
Un chantier ouvert
L’un des thèmes les plus courants de notre époque est celui d’une introduction du contrat dans les sources du droit de la fonction publique tant dans la situation individuelle des agents publics que dans les rapports de l’Etat avec leurs organisations syndicales représentatives infléchissant ou dénaturant le caractère statutaire et réglementaire de la fonction publique française. Les auteurs de ces textes s’emploient - probablement en raison de la faiblesse de leurs arguments sur le fond des problèmes posés - à rechercher dans une présentation radicalisée des positions du mouvement syndical des fonctionnaires et de leur évolution dans les périodes de la Libération et de la première moitié du XXe siècle une sorte de justification de leurs propres analyses.
L’histoire du syndicalisme des fonctionnaires est un chantier largement ouvert aux historiens du mouvement social, aux spécialistes de science administratives, aux syndicalistes, ou à tout nouvel organisme collectif de recherche qui pourrait se constituer.