Les travaux que j’ai rassemblés dans l’ouvrage intitulé L’Etat et les fonctionnaires et agents publics sont naturellement centrés sur la fonction publique. Mais ils confirment que l’expression « politique salariale de l’Etat » a recouvert en fait, au-delà du régime des rémunérations des fonctionnaires, les classements catégoriels généraux et même des dispositions non salariales constitutives de la politique sociale du gouvernement représenté par le ministère de la fonction publique. De même les discussions que l’on a souvent qualifiées de « salariales » dans le cadre de la « politique contractuelle » instaurée après 1968 étaient en réalité des discussions annuelles devenues pluriannuelles de caractère général.
Ces travaux confirment une autre donnée : la « politique salariale de l’Etat » s’est appliquée aux agents actifs et retraités des trois fonctions publiques, à leurs ayant-droit, mais aussi aux militaires et aux magistrats ainsi qu’aux personnels des entreprises publiques et de l’ensemble du secteur public, avec les adaptations et les variantes nécessaires.
Ce vaste champ d’application de la politique salariale de l’Etat est le reflet de la place occupée en France par le secteur public et nationalisé dans tous les domaines de la vie nationale, ce qui explique un phénomène original qui est apparu avec une particulière acuité dans certaines périodes : les interférences entre cette politique de l’Etat et quelques aspects essentiels de la politique sociale menée par le patronat dans le secteur privé et tout particulièrement dans les grandes entreprises.