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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 11:01

      Je m’apprêtais à publier un point de vue exprimé par Henri Krasucki  à l’occasion de la parution de mon ouvrage Les fonctionnaires sujets ou citoyens en 1979-1981 lorsqu’est parue dans l’Humanité une enquête de l’IPSOS selon laquelle « une large majorité de Français estime que la lutte des classes n’est pas un mythe ». Je concluais ainsi mon commentaire : « Si les réflexions avancées sur la relation entre le syndicalisme des fonctionnaires et le syndicalisme confédéral  étaient pertinentes en 1981, on aimerait savoir, cartes sur table,   pourquoi elles  auraient  cessé de l’être en 2012-2013. Ici, on ne pratique pas le « non-dit ».

     Nous   reviendrons sur cette question et sur le commentaire qui l’accompagnait. Voici au préalable l’article dont il s’agit.

 

 

     Henri Krasucki, qui avait de longue date pris conscience des problèmes généraux de la fonction publique et des enjeux du syndicalisme des fonctionnaires, et avait été associé à ma décision d’engager des travaux d’histoire a, plus que tout autre dirigeant confédéral de la CGT, commenté et apprécié en 1979  la parution du premier  volume de Les fonctionnaires sujets ou citoyens ?

    En juillet 1981, alors que j’occupais depuis peu les fonctions de directeur du cabinet du ministre de la Fonction publique,  il m’a appelé pour me faire connaître l’appréciation qu’il portait sur le second  volume qui venait de paraître.  Il l’avait lu dans l’avion, au retour d’une session de la Fédération syndicale mondiale. Il constatait que mon intention de travailler sur l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires manifestée en juin 1978 lors de mon départ de l’UGFF, s’était concrétisée par deux volumes en trois ans. Sur ce tome II il portait en substance  les appréciations suivantes (que j’ai notées sur-le-champ) :

    «   Les questions délicates ont été parfaitement traitées, avec la hauteur de vues nécessaire. Il est impossible de dire le contraire de ce qui est écrit dans ce livre, qui traite l’histoire pour ce qu’elle est. Sur Léon Rouzaud, Le Brun, Berteloot, très bien. Sur la période délicate, le ton qu’il faut.

     Ce livre vient au bon moment, au-delà du monde des fonctionnaires. L’intérêt du premier volume était de donner une idée enfin sérieuse basée sur les faits, d’une histoire compliquée.

     Le deuxième est écrit en avril 1981. Les points de suspension et la fin sont bien conçus. Le livre ne sera pas daté, les événements se poursuivront ».

    Henri  Krasucki ajoutait : « Je défie qui que ce soit de « tousser ».Tout ce qu’on pourra écrire maintenant sur ce sujet sera une contrefaçon, une entreprise de mauvaise foi battue d’avance »…

    Quelques mois plus tard, La Vie ouvrière (n° 1942 du 18 novembre 1981)  lui consacrait deux pages sous le titre La recherche passionnée d’une solidarité de destin avec la classe ouvrière comprenant une reproduction de la couverture du vol I, un long entretien avec Thérèse Hirszberg et un article d’Henri Krasucki ( qui était à l’époque secrétaire de la CGT et directeur de la VO) intitulé Pour qui s’intéresse à l’évolution de la CGT.

   On reproduira ici cet article :

                                           Pour qui s’intéresse à l’évolution de la CGT

    Les deux volumes  sur l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires de René Bidouze intéressent beaucoup plus que les fonctionnaires.

    Tous ceux, toutes celles qui cherchent à connaître, à comprendre la CGT, sa diversité et son évolution au fil du temps ont beaucoup à y apprendre.

    Il s’agit d’un travail sérieux, fondé sur les faits sans rien gommer et dégageant, à chaque étape, une réflexion sur le sens profond de ce qui s’est produit.

    Thérèse Hirszberg le présente ici à son importance. Je me permets, à l’appui de ce qu’elle en dit, de souligner qu’il n’est pas courant d’avoir un ouvrage qui part des débuts et va jusqu’à nos jours.

    De mentionner ensuite l’originalité de la composante « fonctionnaire » du monde du travail et de son cheminement : ce n’est qu’en 1924 qu’ils ont conquis le droit de constituer des syndicats !

     Beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, cette expérience apprend à traiter avec doigté, sans simplification « tout blanc-tout noir », de la réalité historique et donc de ce qu’est réellement notre vaste et si diverse CGT, que des esprits superficiels traitent ces temps-ci avec tant de légèreté. Et pour certains, de malveillance.

     Par-dessus tout, et en fin de compte, ces deux volumes montrent pour quelles raisons fondamentales commandées par la vie sociale elle-même et par quel cheminement on est passé d’un syndicalisme des fonctionnaires qui fut longtemps le point d’appui massif du réformisme syndical dans la CGT à un syndicalisme moderne où la conception de masse et de classe, qui est celle de toute la CGT, est devenue le bien commun des organisations CGT de fonctionnaires groupées dans leur UGFF.

    Or, c’est l’un des faits les plus considérables  de la vie syndicale française : la CGT est la première organisation syndicale chez les fonctionnaires aussi. Et le courant syndical de lutte de classe est, par là, devenu le plus influent parmi les fonctionnaires avec les particularités qui sont les leurs.

     Cela fait partie des choses  qu’il faut connaître  pour comprendre ce qu’est vraiment la CGT.

      C’est aussi l’œuvre de plusieurs générations de militants qui ont pris part à la lutte durant des décennies et représentent toutes les sensibilités existant dans la CGT.

      De Michel Piquemal, Alain Le Léap, Léon Rouzaud, André Berteloot, Roger Loubet, dirigeants d’aujourd’hui, René Bidouze n’en oublie aucun, loyalement.

      Je ne froisserai pas sa modestie en me bornant à rappeler que lui-même a été, durant de nombreuses années, un remarquable secrétaire général de l’UGFF pour qu’on se rende compte qu’il a pris, lui aussi, une certaine part à cette évolution et qu’il connaît ce dont il parle…

                                                                                    HENRI KRASUCKI

 

 

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Eléments biographiques

   En un demi siècle, j'ai fait "le tour de la table" de la politique de la fonction publique comme syndicaliste, directeur de cabinet du ministre, conseiller d'Etat en service extraordinaire, auteur d'ouvrages.

 

  Né le 2 décembre 1922 à Jurançon (Pyrénées-Atlantiques)

 

-Fonctionnaire

 Receveur divisionnaire des Impôts honoraire

 

-Dirigeant national du mouvement syndical des fonctionnaires (1958-1978)

  Secrétaire du Syndicat national des Contributions indirectes 1958-1963

  Secrétaire général de la Fédération des finances CGT 1963-1970

  Secrétaire général de l’Union générale des fédérations de fonctionnaires (UGFF) et

  Membre du conseil supérieur de la fonction publique 1970-1978

  Membre de la commission exécutive de la CGT 1969-1975.

 

  Membre du conseil d’administration de l’Institut CGT d’histoire sociale.

 

-Directeur du cabinet du ministre de la fonction publique et des réformes administratives  (juin 1981-novembre 1983).

 

-Conseiller d’Etat en service extraordinaire (novembre 1983-novembre 1987).

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