La période qui a suivi l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République et la constitution du gouvernement de Pierre Mauroy suivi de celui de Laurent Fabius (1981-1986) tient dans mes écrits une place d’autant plus importante que mon analyse et mon témoignage sont ceux d’un acteur ayant exercé dans cette période des responsabilités significatives.
Comme le souligne le sociologue Vincent Tiberj (déjà cité) la moitié des électeurs qui ont choisi entre Hollande et Sarkozy en 2012 (et certainement parmi eux de nombreux agents publics et fonctionnaires) n’étaient pas en âge de voter à l’époque dont il s’agit. Un cinquième d’entre eux n’étaient pas nés. Ces nouveaux citoyens et citoyennes ont ensuite grandi dans un monde et une société très différents de ceux de leurs aînés dont la vie et l’activité s’étaient déroulés principalement au long des « Trente glorieuses ». Ils doivent aujourd’hui faire face à des problèmes dans lesquels la mondialisation, l’Union européenne occupent le terrain dans un contexte de communication envahi par les chaînes de télévision et leur armée d’experts et de journalistes, Internet, les réseaux sociaux… Que dire, alors, des « cohortes » de citoyens des générations suivantes ?
Ces générations sont directement concernées par les actes et projets relatifs aux réalités de l’administration, des services publics, des statuts des fonctionnaires et agents publics, de leur système de carrière et de rémunération. Elles ont sous les yeux le spectacle d’une campagne présidentielle dont l’issue promet des lendemains difficiles.
On peut comprendre qu’elles ne ressentent pas spontanément le besoin de connaître le droit de la fonction publique, les conditions historiques de son élaboration, de ses évolutions, des confrontations et des luttes sociales qui l’ont façonné au long des décennies précédentes et n’aient pas de la même manière conscience que ces données conditionnent largement le présent et l’avenir et devraient être partie intégrante du combat politique et social.
Peut-on en rester à ce constat ? La question est posée.