Un des derniers articles de ce blog évoquait la question des témoignages et notait au passage qu’on peut lire aujourd’hui, même dans les journaux considérés comme « sérieux », des pages d’anecdotes, ragots et racontars sur ce qui se passe dans les coulisses du pouvoir et que certains journalistes écrivent des livres à « succès ».
Illustration significative de ce propos : dans Le Monde du 19 mars 2014, un article intitulé « Grâces, piques et disgrâces au conseil des ministres ». Comme l’auteur n’assiste pas à ces réunions, dont le rituel est par ailleurs immuable depuis les débuts de la IVe République, on imagine aisément comment il peut nous délivrer ses informations. D’ailleurs l’article était explicite sur ce point. Il fourmillait de citations de propos de ministres et conseillers dont « l’angoisse » s’exprimait parfois devant les « faveurs et signes de disgrâce, piques et gestes d’affection » distribués, paraît-il, par François Hollande dans les salons de l’Elysée et allait jusqu’à évoquer ce qu’il dit « dans le secret de son bureau ». Les alcôves n’ont pas de secrets à l’époque des scooters de la rue du Cirque. Les délibérations gouvernementales connaissent le même sort.
Me référant à une expérience personnelle maintenant assez ancienne, et à une conception de la fonction publique à laquelle il faudra bien revenir lorsque les réactionnaires de toutes obédiences auront été remis à leur place, je trouve ce spectacle affligeant.
L’article du « Monde » se concluait par une plainte d’un « poids lourd du gouvernement » : « C’est dur de faire travailler les cabinets. On est obligé de leur botter les fesses ». Au lendemain du 23 mars, on a l’impression que la distribution sera beaucoup plus générale.