Indépendamment des observations classiques sur la relativité et la fragilité des témoignages et sur la nécessité de les soumettre à un examen critique de l’historien, du juriste, ou du praticien de la science administrative, d’autres considérations s’imposent.
En premier lieu, si cet examen critique est souhaitable, il est réaliste de ne pas trop en attendre. En revanche, lorsque plusieurs acteurs essentiels d’un même événement interviennent, un certain « choc » des témoignages peut avoir des effets positifs d’inflexion ou de correction.
Dans un texte personnel du type « mémoires » ou « souvenirs » non destiné à la publication, on peut exprimer et même laisser libre cours à des appréciations, et à des jugements sur les intentions, les attitudes, les comportements des différents acteurs et sur les relations entre eux. Il en va tout autrement dans des textes publics, alors même que des éléments dont on estime préférable de ne pas les mentionner pourraient être de nature à expliquer ou à éclairer des aspects significatifs. Tous les auteurs ou témoins n’ont pas les mêmes scrupules. On peut lire aujourd’hui, même dans les journaux qu’on a toujours considérés comme « sérieux », des pages d’anecdotes, ragots et racontars sur ce qui se passe dans les coulisses du pouvoir. Certains journalistes écrivent des livres à « succès »
D’autres questions peuvent se poser. Celle du choix parmi les éléments constitutifs des témoignages à émettre ou à recueillir entre ceux qui ont une portée et une pertinence avérés et ceux qui relèvent de l’anecdote personnelle ou de l’ego surdimensionné. Celle de la suite à donner à des prestations d’autres témoins et acteurs exerçant le cas échéant des fonctions différentes, voire à leur silence délibéré ou fortuit sur tel ou tel point pouvant donner lieu à contestation ou mise au point.
Ces considérations n’ont rien d’original. Les chercheurs en histoire ou sociologie les rencontrent couramment. Les psychologues et les psychiatres peuvent y trouver une matière intéressante.
Derrière ces réflexions générales, il y a, bien entendu, des faits concrets sur lesquels on pourra s’expliquer plus longuement si besoin est. Quoi qu’il en soit, nous sommes encore assez loin d’avoir épuisé les sujets assignés à ce blog et aux publications numériques qui lui sont associées.