Dans un précédent article, je proposais de « tourner la page » sur les questions de l’Etat et des institutions et c’est ce que nous ferons bientôt. Mais on ne peut échapper à l’actualité des élections présidentielles, et la « page Sarkozy » n’est pas encore tournée.
« Le duel à distance par médias interposés » provoqué par les déclarations de ce personnage sur ce qu’il ferait s’il n’était pas réélu suscite d’innombrables commentaires.
Mais il est un aspect dont je crains qu’il ne passe quelque peu inaperçu compte tenu de la carence générale sur les questions de la Fonction publique et de son histoire.
Il aurait dit : « Je n’ai pas fait l’ENA. Dans ma vie je n’ai jamais eu à défendre un statut. Tout ce que j’ai eu, c’est par mon travail, mes efforts et peut-être aussi un peu mon mérite. François Hollande a dit qu’il continuerait la politique s’il était battu ? Eh bien garde ton statut, tranquille, tout va bien. » ( cité par Le Monde du 10 mars 2012).
Ce propos est révélateur, comme tous ceux de ce personnage, qui sont un sujet en or pour les psychanalistes.
L’idée que les statuts en général et celui des fonctionnaires en particulier sont avant tout des dispositifs « protecteurs » de ceux à qui ils s’appliquent est une idée réductrice d’autant plus largement répandue que les principes généraux de la Fonction publique, leur relation avec les conceptions de l’Etat, de son rôle, de ses rapports avec les serviteurs de la nation que l’Histoire de la Fonction publique met en évidence n’occupent pas la place qu’ils méritent dans le débat public.
On savait que le « président-sortant » est hostile au « statut » et qu’il lui préfère le « contrat ». Mais il est tellement imprégné des idées réactionnaires de la droite qu’il les accompagne - comme on ne l’avait jamais vu au sommet de l’Etat- d’appréciations désobligeantes dépassant largement la personnalité de son adversaire et des anciens élèves de l’ENA et s’appliquant à l’ensemble des fonctionnaires. De toute façon le « juriste - avocat» mérite un nouveau « Zéro pointé ».