En 1946, l’année de l’élaboration et de la publication du statut général des fonctionnaires au terme de plusieurs décennies d’une histoire mouvementée, j’avais 24 ans. J’étais rédacteur à la direction départementale des Contributions indirectes à Pau. Militant du Syndicat national reconstitué à la Libération, délégué à ses congrès annuels, je rencontrais ses dirigeants et parmi eux ceux qui participaient directement à la concertation sur le projet de statut avec Maurice Thorez Vice-président du conseil et secrétaire général d’un parti dont j’étais un militant actif (secrétaire fédéral de « l’Union de la jeunesse républicaine de France » qui lui était associée) et dans ses structures départementales. Jacques Pruja, Alain Le Léap, étaient des fonctionnaires des Finances, ainsi que Pierre Meunier directeur de cabinet du ministre et le jeune Max Amiot. Le député Jacques Grésa qui suivait cette affaire à l’Assemblée, était au contact du Syndicat des Indirectes. Je resterai en relation avec eux au long des décennies suivantes. Tous ont disparu depuis longtemps. (cliquez, en tête de ce blog, sur « Un parcours militant de plus de trois quarts de siècle »).
Un jour, au début de l’année 1947, j’ai entendu le député socialiste Gaston Chaze, ancien inspecteur de l’Enregistrement, en visite dans nos bureaux, qui était en train de dénigrer l’action du ministère de la fonction publique auprès de plusieurs collègues et de prétendre que personne ne connaissait le texte du statut. J’ai fait irruption en brandissant une brochure (que j’aurai plus tard l’occasion d’évoquer dans mes ouvrages et articles) reproduisant et commentant ce texte. Inutile de dire que ce député et ses amis ne me pardonneront pas cette mise au point. D’autant que j’irai lui « porter la contradiction » dans ses réunions publiques.
Dans cette brochure on pouvait lire ce commentaire : « Certains, par des manœuvres dilatoires, s’efforcèrent encore une fois d’empêcher le vote du projet par la deuxième Assemblée Constituante. Ces vaines tentatives furent déjouées. L’Assemblée nationale adopta le Statut à l’unanimité, faisant litière des calomnies des feuilles réactionnaires, reprises, hélas ! à la tribune par le porte-parole du Parti socialiste, qui osa parler de l’esprit « totalitaire » d’une loi essentiellement démocratique qui fait honneur à notre pays. »