« Sujets ou citoyens ? » Cette interrogation est le titre que j’ai donné aux deux tomes de l’ouvrage que j’ai publié en 1979 et 1981 sur le syndicalisme des fonctionnaires des origines à la scission de 1947-1948, puis de cette scission à avril 1981 c’est-à-dire sur un sujet qui n’avait encore fait l’objet d’aucune étude d’ensemble (1).
Largement fondé sur une étude de la collection complète de « La tribune des fonctionnaires », organe de la Fédération générale créé en 1913 devenu pendant une partie de l’entre-deux-guerres un hebdomadaire à grand tirage, la réalisation de cet ouvrage m’avait apporté la conviction de l’étroite corrélation entre l’évolution du droit de la fonction publique et celle du syndicalisme. D’autant que la Fédération générale des années 1909-1946 bénéficiait de la compétence et de l’exceptionnelle longévité de ses dirigeants, face à des hauts fonctionnaires et à des ministres éphémères parfois plus préoccupés de leur carrière que de l’intérêt général. Mon expérience de dirigeant syndical ayant exercé ses responsabilités à tous les niveaux des nouvelles structures de la deuxième moitié du XXe siècle conduisait déjà à ce constat, ainsi confirmé par l’étude des matériaux classiques de la recherche historique, puis par les fonctions politiques et juridiques des décennies suivantes.
Je pense que le moment est venu de montrer de façon plus approfondie et systématique qu’il s’agit non d’une affirmation rhétorique, mais d’une réponse, d’un éclairage et d’une démonstration s’appliquant à des données fondamentales de l’histoire politique et sociale qui restent au cœur des contradictions et affrontements de notre époque.
1 - Cet ouvrage a été présenté à plusieurs reprises dans ce blog, et le commentaire qu’Henri Krasucki en avait fait en 1981 a été repris dans un récent article.