Le retour de la gauche au pouvoir est largement considéré aujourd’hui comme une hypothèse crédible. Sur une donnée qui restera, avec des hauts et des bas, dans l’actualité médiatique jusqu’en 2012 et au-delà, chacun est libre de s’exprimer. Pour ce qui me concerne, il serait outrecuidant et sans aucun doute inutile d’émettre des idées générales.
En revanche, restant en toute modestie dans mon domaine et sur le « créneau » assigné à ce blog et me référant à mon expérience personnelle dans certaines fonctions, j’ai des choses à dire en forme de témoignage. A chacun de juger si elles présentent un intérêt dans les circonstances politiques actuelles.
Après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, un gouvernement de gauche était constitué pour la première fois depuis l’instauration de la Ve République avec Pierre Mauroy au poste de Premier ministre. Dans ce gouvernement qui ne durera qu’un mois et sera remanié après les élections législatives avec l’entrée de quatre ministres communistes, le portefeuille de la Fonction publique était confié à Catherine Lalumière.
Secrétaire général de l’UGFF-CGT jusqu’en juin 1978, j’avais eu des contacts avec elle dans ses fonctions de responsable du Parti socialiste pour les questions de la fonction publique notamment pour l’élaboration (que j’ai évoquée dans des articles précédents) d’une proposition de loi concernant les personnels non titulaires. Je connaissais bien Jeanne Siwek-Puydesseau qui était sa principale collaboratrice (et dont l’œuvre a été également évoquée ici).
D’autre part, indépendamment de la contribution spécifique du mouvement syndical des fonctionnaires, j’avais activement participé à la première version de la Déclaration des Libertés du PCF en 1975 et plus tard aux recherches menées dans le cadre de « l’actualisation du Programme commun de la gauche » sur les questions de la fonction publique. J’avais publié en 1979 et en juin 1981, les deux volumes de mon ouvrage Les fonctionnaires sujets ou citoyens ? Dans cette période, des articles et études avançant un certain nombre d’idées et de propositions étaient publiés.
En juin 1981, Anicet Le Pors, m’a appelé pour m’informer que Georges Marchais (dont il était un proche collaborateur) lui demandait de préparer dans un délai d’une semaine deux documents traitant l’un des questions institutionnelles, l’autre de celles de la fonction publique. Pour le premier document, il constituait un groupe de travail dont je ferai partie. Pour le second, il me demandait de le rédiger seul. Ce travail a été accompli dans les délais.
Lorsque la nomination d’Anicet Le Pors au ministère de la fonction publique a été décidée, et sans pour autant prétendre que la gauche disposait d’un programme complet et très élaboré et concerté sur les questions générales de la fonction publique, il est indéniable qu’elle était en état d’assumer ses responsabilité au gouvernement. D’autant qu’une concertation sans précédent devait s’engager avec le mouvement syndical des fonctionnaires, qui jouait- comme je ne cesse de l’expliquer- un rôle très actif.
Aujourd’hui, je me tiens aussi bien informé que possible, mais je n’assume depuis longtemps aucune responsabilité, ni dans le mouvement syndical ni dans une formation politique. Je poursuis mon activité de recherche, de témoignage et d’écriture sur le terrain de l’histoire (Fonction publique, Syndicalisme des fonctionnaires, Commune de Paris).
Dans ce contexte je pense qu’il serait souhaitable que ceux qui ont envie d’aller au pouvoir soient conscients des dégâts commis par les gouvernements de la droite -et même dans les périodes d’alternance et de cohabitation - dans le domaine de la fonction publique et de l’ampleur du travail d’inventaire et de réparation qui s’impose.