La semaine dernière, j’annonçais l’insertion prochaine d’articles traitant de l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires de l’Etat et plus précisément d’articles faisant le point des recherches et travaux qui lui sont consacrés.
Il faut au préalable « planter le décor », c’est-à-dire faire une présentation - qui ne peut être que schématique et simplifiée - de son organisation et de ses structures qui ont toujours été déterminées par deux éléments : l’organisation institutionnelle de l’Etat et la nature et le niveau des questions à traiter.
Dès la fin du XIXe siècle, et dans les premières années du XXe (avec un essor dû à la publication de la loi du Ier juillet 1901) une association professionnelle s’est constituée dans la plupart des administrations. Ces associations se sont transformées en syndicats nationaux en dépit de tous les interdits. C’est, à toutes les époques, l’organisation de base du mouvement syndical des fonctionnaires. Quand un fonctionnaire veut se « syndiquer » il adhère à un syndicat national qui traite des problèmes collectifs et individuels des personnels de son administration. Il se retrouve généralement dans une section constituée au niveau départemental ou régional ou du service auquel il appartient. Le syndicat s’exprime et agit au niveau national dans une organisation verticale qui traduit le parallélisme évoqué plus haut.
Le traitement des « problèmes généraux » c’est-à-dire des questions communes à l’ensemble des fonctionnaires et agents publics concernant notamment la détermination des rémunérations, l’organisation générale des carrières, celle des rapports avec l’Etat relevant de la compétence du pouvoir exécutif et du Parlement a très tôt posé la question du regroupement des associations et des syndicats dans une structure adéquate. Cette dernière a pris dès les premières années du XXe siècle la forme d’une Fédération générale des fonctionnaires. Dans les années 1930, des structures intermédiaires regroupant les syndicats nationaux au niveau des ministères, qualifiées de « fédérations internes » ont concrétisé dans la fonction publique la conception fondamentale du fédéralisme constitutif du syndicalisme français. Ces fédérations ont en effet été assimilées à des « fédérations d’industrie » assurant l’affiliation confédérale à la CGT. Il existait aussi une fédération de fonctionnaires regroupant les syndicats chrétiens affiliée à la CFTC.
Le paysage syndical s’est profondément diversifié et a connu des transformations importantes au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Après la publication de la première version du statut général des fonctionnaires en 1946, la scission de la CGT dans les années 1947-1948, les scissions et transformations survenues depuis, les fédérations générales représentatives sont identifiées par leur représentation au Conseil supérieur de la fonction publique.
On voit bien que l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires considéré dans toutes ses dimensions serait une œuvre monumentale. Elle impliquerait une étude afférente à chacune des fédérations générale ou unions de fédérations. Mais elle impliquerait aussi des travaux consacrés à quelques centaines de syndicats nationaux qui leur sont affiliés directement ou par l’intermédiaire des fédérations internes. Certains de ces syndicats ne groupent que quelques dizaines ou centaines d’adhérents, mais il en est, tant dans la fonction publique administrative que dans le monde enseignant, qui en regroupent des dizaines de milliers sans parler des fédérations des PPT qui ont toujours connu une organisation différente fondée sur les catégories .
Ces considérations s’appliquent à la fonction publique de l’Etat. Mais elles ont de nombreux et puissants points de rencontre avec les fonctions publiques territoriale et hospitalière et leurs organisations syndicales.
Un recensement aussi exhaustif que possible des ouvrages, études, articles traitant de l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires serait d’une grande utilité.Mais en l'état actuel des choses, cette suggestion semble avoir peu de chances d'être retenue.Après avoir ainsi « planté le décor » on présentera néanmoins dans l'article suivant un « état de la recherche ».