La bibliographie des ouvrages, articles, témoignages concernant Henri Krasucki (secrétaire général de la CGT de 1982 à 1992) est foisonnante. Ces textes sont complexes, contradictoires, marqués d’appréciations élogieuses et fraternelles, mais aussi de portraits outranciers, désobligeants, qui dépassent de loin les pires ignominies dont les dirigeants du mouvement ouvrier ont été accablés.
Le dernier ouvrage qui lui est consacré est celui de Christian Langeois qui vient d’être publié, début septembre 2012, dans la collection Documents des éditions du Cherche midi.
Je figure dans la liste des personnes avec lesquelles l’auteur a eu un entretien pour recueillir leur témoignage. Il
m’en a remercié à plusieurs reprises, notamment dans sa dédicace ainsi rédigée : « René, avec mes remerciements pour ton aide précieuse à la compréhension de la vie d’Henri ».Mais il n’en apparaît
aucune trace ni dans le texte, ni dans les Notes, ni dans l’Index. Aucun de mes ouvrages, articles et études n’est mentionné dans la Bibliographie. Le mouvement syndical CGT des fonctionnaires et
ses dirigeants sont par ailleurs pratiquement absents des 363 pages de cet ouvrage, comme ils le sont des autres écrits sur Henri Krasucki.
J’atteste que pendant une trentaine d’années au moins, j’ai entretenu avec Henri Krasucki une relation forte et durable qui a connu des moments d’intense collaboration et de fraternelle amitié, fondée sur le fait qu’il fut un des dirigeants confédéraux les plus attentifs et les plus ouverts aux problèmes généraux de la fonction publique, aux évolutions du syndicalisme des fonctionnaires et à sa place au sein de la CGT. On peut comprendre que des militants syndicalistes appartenant à d’autres branches professionnelles - que nul n’empêche de s’interroger s’ils en ont la capacité et l’envie, sur leurs rapports avec Henri Krasucki - soient moins directement sensibles à cet aspect de la réalité. Mais elle apparaît dans de multiples épisodes de l’action d’Henri Krasucki, et l’Histoire sociale est une donnée qui s’impose dans toutes ses dimensions.
Il me reviendra de relever tranquillement ce défi et de combler cette lacune, alors que témoins et acteurs d’une époque se font rares, et de contribuer ainsi, par un témoignage singulier, à l’hommage qui est dû à Henri Krasucki. Cette démarche s’inscrira dans celle que je poursuis pour que l’histoire du mouvement syndical CGT des fonctionnaires occupe de façon équitable et équilibrée, en dehors de tout esprit corporatiste hors de saison, la place qui lui revient dans l’histoire générale de la CGT.