Voici un témoignage personnel sur l’acharnement des autorités de Vichy au service de l’occupant pour assurer le succès du « Service du travail obligatoire » (STO).
Le régime de Vichy avait instauré, en zone non occupée, un service obligatoire dans les Chantiers de la jeunesse.
Leur idéologie était celle de la « Révolution nationale », répandue dans toute la société par le maréchal Pétain et son régime, qui ont pris une formidable revanche contre la laïcité de l’Etat et de l’école. Les cadres des Chantiers, souvent venus de l’armée, étaient plus ou moins imprégnés de cette idéologie sur fond de catholicisme et de scoutisme. Le général de la Porte du Theil, qui avait reçu le commandement, avait une longue expérience du scoutisme, dont il avait été le commissaire pour l’Ile-de-France.
Le système de la « Relève », c’est-à-dire le remplacement d’un prisonnier de guerre par trois requis dans les usines en Allemagne était assez largement engagé. Le Service du Travail obligatoire (STO) institué par une loi du 13 février 1943 ( que la radio de Londres appelait à boycotter) s’appliquait aux jeunes nés entre le 1er janvier 1920 et le 31 janvier 1922. Mais Pierre Laval a bientôt annoncé que tous les jeunes de la classe 42 sans exemption seraient requis pour le STO.
Selon certains historiens, le général de La Porte du Theil aurait refusé de laisser partir les jeunes des Chantiers de la Jeunesse au STO. Il sera d’ailleurs révoqué par Laval, arrêté et emmené en Allemagne au début de 1944. Libéré en mai 1945, il bénéficiera d’un non lieu de la Haute Cour deux ans plus tard. Pourtant c’est avant l’été 1943 que le groupement des Chantiers de la jeunesse dans lequel j’étais incorporé depuis novembre 1942 fut dissous et les jeunes qui le composaient envoyés en Allemagne.