
Quand on est presque centenaire, on est voué à prendre connaissance de l’actualité politique, économique et sociale avec l’humilité qui sied à une lointaine génération, et à ne pas trop s’étonner - si on est l’auteur de travaux d’histoire et de témoignages - qu’ils aient quelques difficultés à se frayer un chemin dans les nouvelles générations.
Mais le temps réserve parfois des « revanches ». Ainsi, je viens de lire un long article intitulé « Pour se rendre au travail à vélo, cinq règles d’or » décrivant la vie et les contraintes de ceux qu’on appelle aujourd’hui les « vélotafers » et les innombrables nouveaux qui les ont rejoints à l’occasion des grèves de ces dernières semaines.
Belle occasion d’évoquer la décennie d’avant la Seconde guerre mondiale. J’habitais Jurançon, une petite ville de la banlieue de Pau célèbre pour son vin blanc qui humecta les lèvres d’Henri IV à sa naissance. Je franchissais quatre fois par jour à vélo par tous les temps, ;souvent sous la pluie, les 4 ou 5 kilomètres qui séparaient mon domicile de l’Ecole primaire supérieure St Cricq, marqués par la longue côte Marca que des cohortes franchissaient à pied, ce qui en faisait un remarquable lieu de rencontres et de contacts. A moins de lui préférer la côte de la gare qui longe une partie du prestigieux boulevard des Pyrénées (la plus belle vue de terre comme Naples est la plus belle vue de mer selon Lamartine).

Ce trajet s’est poursuivi pendant les années de l’Occupation, puis dans celles de la Libération par des parcours professionnels et par ceux d’une intense activité politique et syndicale pour la renaissance du pays sur les routes du Béarn et du pays basque portant la distance à plus de cinquante kilomètres quotidiens auxquels j’ai ajouté de nombreuses ascensions des cols d’Aubisque et du Tourmalet. Le Tour de France avait de la gueule dans cette ville-étape !

Après avoir imposé ses réformes, notamment celle du droit du travail, de la Fonction publique, et bientôt celle des retraites … Macron, son gouvernement et ses godillots semblent décidés à nous faire le numéro de l’écologie accommodée à leur sauce et aux intérêts du grand capital dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.
Parmi d’autres impostures, le « débat » sur la place du vélo dans notre société a de beaux jours devant lui. A pied, à cheval ou en voiture, j’aimerais bien voir la disparition de la bande qui nous « gouverne ».