Le 10 novembre 2017, le président de la République Emmanuel Macron, dont on a du mal à suivre les proclamations, les annonces et les sentences sur tous les sujets, a annoncé que 2018 sera « L’année Clemenceau ».
Quand on prend connaissance des initiatives qui ont suivi, allant de l’ouverture d’un musée Clemenceau, à la perspective d’un Centenaire de la Première guerre mondiale …en passant par la création d’une revue à CNRS Editions et d’un site internet, la publication d’un grand nombre d’études et articles, on est bien obligé - même quand on est, ce qui est mon cas, un simple citoyen fort éloigné de ce que le publiciste Bertrand Poirot-Delpech fustigeait sous le vocable « coloquinte » désignant la maladie qui consiste à enfermer l’Histoire politique, sociale et culturelle dans des « colloques » marquant des commémorations d’anniversaires - de prendre cette annonce en considération.
Comme toujours, dans la kyrielle d’anniversaires qui jalonnent la vie de notre société, il est probable que les responsables ou organisations qui rejettent Clemenceau et sont considérés comme se situant « de l’autre côté de la barricade » entreront dans un jeu que les « dominants » ont tous les moyens de maîtriser.
Cela dit, personne ne pourra m’empêcher, à l’époque du numérique, de m’exprimer en dehors de ce concert, et d’émettre les réflexions d’un « survivant » se référant à un « parcours citoyen et militant de plus de trois quarts de siècle » encore imprégné des réminiscences politiques et sociales des affrontements de classes des débuts du 20e siècle, des souvenirs cuisants dans l’esprit et dans le cœur, des suites de cette épouvantable tuerie mondiale suivie vingt ans plus tard d’une nouvelle tuerie, et de travaux de recherche personnels qui ont rencontré, de la Commune de Paris au statut-carcan des fonctionnaires ce « briseur de grèves » tant adulé par tous les présidents de la République.
Parmi les innombrables formules qui ont été attribuées à ce personnage, chacun choisit celle qui lui convient. Fidèle à cet usage, il me plait de citer en exergue celle qu’il prononça, paraît-il, en sa double qualité de médecin et d’homme d’Etat : « Il y a deux organes inutiles : la prostate et le président de la République ».