Cet article s’insère dans la série en cours sous la rubrique « Pleins feux sur l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires »
Ma décision de mettre un terme en juin 1978 - alors âgé de 55 ans - aux mandats de secrétaire général de l’Union générale des fédérations de fonctionnaires (UGFF- CGT) que j’exerçais depuis décembre 1970, après ceux du Syndicat national des Indirectes (1958-1962) et de la Fédération des Finances (1962-1970) était un acte personnel mûrement réfléchi.
Il impliquait mon retour dans une administration très différente de celle que j’avais quittée, et deux adaptations successives aux fonctions de directeur divisionnaire à la Direction de la Garantie et des services industriels à Paris, puis de receveur divisionnaire des impôts du département de l’Aisne. J’étais à dix ans de la « limite d’âge ».
Cet acte répondait à un attachement au principe de mandats syndicaux renouvelables à durée limitée. Il était annoncé un an à l’avance et accompagné d’une proposition de méthode inédite (qui sera plus ou moins correctement mise en œuvre par ceux qui en auront la charge), celle d’une détermination ouverte et démocratique débarrassée des systèmes de cooptation et des promotions fondées sur des équilibres discutables de courants de pensée où « démocratie » et « indépendance » syndicales avaient du mal à se frayer un chemin. C’était il y aura bientôt quarante ans, dans un contexte politique très différent de celui d’aujourd’hui.
Cet acte s’accompagnait d’une autre décision (chaleureusement approuvée par Henri Krasucki qui en analysera la réalisation et en soulignera la portée dans des termes qui restent novateurs) celle d’engager une étude aussi approfondie que possible de l’histoire du syndicalisme des fonctionnaires et de sa relation avec le syndicalisme confédéré.
J’avais douloureusement vécu les ravages d’une certaine ignorance non exempte de mauvaise foi à l’occasion de la crise des années 1975, qui avait été surmontée par un débat démocratique sans précédent faisant échec à des méthodes autoritaires (dont l’analyse s’avère encore d’actualité).
J’avais ressenti l’intérêt d’une telle étude lors de la commémoration en 1976 du 30e anniversaire du statut général des fonctionnaires dont j’avais pris l’initiative avec les fédérations des PTT et des Services publics et de santé sous la présidence de Georges Séguy et la participation de Jacques Pruja, Alain Le Léap, Léon Rouzaud, Pierre Meunier, personnalités qui avaient tenu les premiers rôles dans l’adoption du statut en 1946 et dans sa sauvegarde face aux « révisionnistes » de tout acabit.
Cinq ans plus tard, avec l’accession de la gauche au pouvoir, on y puisera les fondements de réformes auxquelles il me sera donné de contribuer dans des fonctions entièrement nouvelles au long des années suivantes.
Aujourd’hui, j’assume pleinement cette conception des réalités syndicales et de l’exercice des responsabilités.