J’observais dans mon ouvrage « Fonction publique. Les points sur les i » (VO éditions 1995) dèjà cité ici de nombreuses fois, que « je ne suis ni ancien élève de l’ENA, ni universitaire et que je ne figure pas parmi les intervenants dans les colloques… » Je précisais: « On a remarqué, en pensant à la table symbolique à laquelle siègent les différentes parties de la négociation sociale dans la Fonction publique, que sur une période d’une vingtaine d’années, j’en avais fait le tour, et que j’étais même le seul à me trouver vraiment dans cette situation. Personne d’autre à ma connaissance, n’a occupé les trois fonctions, syndicat, ministère, Conseil d’Etat ». J’ai même rencontré Jacques Delors, qui se laissait volontiers désigner comme le « père de la politique contractuelle » lorsque, conseiller social de Chaban-Delmas, il l’a inaugurée en 1969 et en 1970-1971 par des initiatives dont la connaissance est un élément très instructif permettant de comprendre ses développements ultérieurs… et je l’ai retrouvé en 1981-1983 lorsque, ministre des Finances du gouvernement Mauroy, il préconisait la « pause », se voyait déjà Premier ministre, puis décrétait la « désindexation » des salaires en se fondant sur un emprunt européen, puis refusait d’appliquer la « clause de sauvegarde » qu’il avait dû accepter quelques semaines plus tôt…
Les responsables des organisations syndicales signataires de tous les accords salariaux (FO et FEN) étaient pleinement associés à toutes les étapes de la politique contractuelle avec les gouvernements de droite dans la décennie 1970 y compris dans ses coulisses (et ensuite sous certaines formes avec le gouvernement de gauche). Ils avaient une connaissance directe de tous les aspects de cette politique quelle que soit la version qu’ils en donnaient à leurs mandants, et dont les faits ont montré qu’elle était très différente de celle de la CGT qui n’a rien signé à cette époque, et de celle de la Fédération des fonctionnaires CFDT qui a adopté la même position après la crise qu’elle a subie en 1972.
Le cercle des acteurs ayant une connaissance des réalités concrètes du terrain, c’est-à-dire le contenu, le déroulement, les résultats des négociations, est relativement restreint. A toutes fins utiles, je vous redonnerai dans un prochain article, un extrait de ce que j’écrivais dans mon ouvrage précité sur la négociation dans la fonction publique telle que je l’ai vue comme secrétaire général de l’UGFF entre 1970 et 1978, puis comme directeur du cabinet du ministre assistant aux réunions interministérielles préparatoires et ensuite aux négociations avec les syndicats en 1981-1983 1.